Réforme des retraites : « Il faut ouvrir le débat et entendre les syndicats, » Pierre Ferracci au micro de Sonia Mabrouk
Pierre Ferracci était, dans Europe 1 Matin d’Europe 1, l’invité de Sonia Mabrouk dans l’Entretien, lundi 27 février 2023.
« L’inflation galope et l’inquiétude des Français se manifeste d’ailleurs en ce moment par une remontée du taux d’épargne, donc, sans doute, par une baisse de la consommation un peu plus importante qu’on ne le croit. Oui, la question du partage de la valeur, même s’il y a eu un accord signé par les partenaires sociaux récemment, va être très présente dans les entreprises. […] La question du pouvoir d’achat rejoint celle des retraites, le pouvoir d’achat des actifs et le pouvoir d’achat de ceux qui ne travaillent plus aujourd’hui. »
« Il y a une colère forte, et pas seulement de l’inquiétude, et on voit bien dans les sondages que cette colère se confirme et que le mouvement du 7 mars, organisé par l’ensemble des organisations syndicales, va sans doute être très puissant. Il n’y a pas aujourd’hui de lassitude sur la façon d’exprimer cette colère. Et puisque l’on fête le dixième anniversaire de la disparition de Stéphane Hessel [né le 20 octobre 1917 à Berlin et décédé le 27 février 2013 à Paris (Ndlr)] , il faut se rappeler qu’il disait : “une colère n’est pas inutile si elle est entendue“. Donc, il faut qu’elle soit entendue et je pense que, depuis le début du conflit sur les retraites, les syndicats ne l’ont pas été. »
« En allant chercher Les Républicains, on oublie complètement les syndicats qui sont, pour une fois, très unis, déterminés, et le spectacle qui a été donné à l’Assemblée ne va faire que renforcer leur colère. […] La réforme va peut-être passer au Parlement mais la colère sera, elle, très forte. Il y a deux façons pour cette colère de s’exprimer : soit sur le plan social, il y aura des tensions qui vont au-delà du problème de l’inflation, soit en 2027 sur le terrain politique et on voit bien à qui profite aujourd’hui cette situation quand on exacerbe un conflit et que l’on n’entend pas la colère exprimée par les syndicats, on favorise le populisme et, sans doute, le populisme d’extrême droite ! »
« Dans le rapprochement avec les syndicats, il faut voir d’abord l’unité du mouvement syndical. Les organisations syndicales sont aujourd’hui fermement décidées à faire échouer cette réforme, en tout cas telle qu’elle est présentée. Les syndicats ne nient pas qu’il y a un problème de déficit du système des retraites. C’est simplement la façon dont il est traité qu’ils contestent. […] Il y a un problème de déficit, il faut le traiter, mais il y a des réponses diverses et c’est dommage que le débat n’ait pas été ouvert là-dessus. Le gouvernement a fermé toutes les portes, sur le terrain des cotisations, sur le terrain fiscal… Une partie des économistes disent qu’il y a d’autres solutions, que la question des compétences n’est pas traitée, que la question des seniors ou du taux d’emploi des jeunes n’est pas assez traitée… »
« Il faut entendre les syndicats ! Et je pense que, si derrière la journée du 7 mars, il n’y a pas, d’une manière ou d’une autre, une façon de renouer le dialogue, et le vrai dialogue, pas simplement une concertation qui n’est pas de la négociation, avec les syndicats, on a quelques lendemains qui risquent d’être difficiles. »
« Les syndicats l’ont dit, le débat sur le travail aurait dû précéder celui sur la réforme des retraites. La question du travail est une question essentielle. La France est peut-être en retrait sur la durée du travail mais elle est malheureusement en pointe sur les accidents du travail au regard de nos voisins européens. »
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