Pierre Ferracci répond aux questions d’Apolline de Malherbe sur RMC Info
Ce mercredi 5 avril matin, la Première Ministre reçoit les syndicats à Matignon pour tenter de renouer le dialogue en pleine crise autour de la réforme des retraites.
« J’ai l’impression que la réunion ne servira pas à grand chose. Les positions sont figées et le dialogue social au niveau national ne marche pas ! Il marche un peu mieux dans les entreprises, même s’il n’est pas parfait mais, sur cette réforme des retraites, on voit bien qu’il y a un blocage et cela renvoie peut-être à la position du Président de la République qui a toujours considéré, à tort, que les syndicats étaient des freins à la réforme et, aujourd’hui, il a les huit organisations syndicales qui sont toujours aussi soudées pour refuser la mesure d’âge.»
« Il fallait parler du travail, des conditions de travail, peut-être des rémunérations et de l’attractivité de certains métiers, avant [la réforme des retraites]. c’est ce qu’ont fait les pays scandinaves quand ils ont déplacé l’âge légal. Ils ont demandé aux partenaires sociaux à traiter toutes ces questions quelques années plus tôt et cela a facilité la réforme des retraites qui s’est imposée dans ces pays. »
« Quand je dis que le dialogue social est meilleur dans les entreprises, il est un peu meilleur qu’au niveau national mais les ordonnances de 2017 n’ont pas facilité les choses ! Il y a un problème global avec la démocratie sociale et je pense qu’Emmanuel Macron devrait considérer, comme c’est le cas dans la plupart des pays d’Europe, au moins dans la moitié, que le dialogue dans l’entreprise, le dialogue dans la branche, le dialogue interprofessionnel, cela sert aussi à définir un peu mieux l’intérêt général pour la société. Et les syndicats, tous unis, ont des choses à dire sur la façon de réformer les retraites. je crois que personne ne nie qu’il y a un déséquilibre. Tout le monde nie qu’il y a une faillite du système des retraites et qu’il faut dramatiser à l’excès ce sujet pour traiter de façon efficace cette réforme. »
« Il y a un problème global avec la démocratie sociale. Il n’est pas question de dire que la démocratie sociale l’emporte sur le pouvoir du Parlement et celui du peuple, mais il faut la mettre à un bon niveau et il y a pas mal d’exemples en Europe qui montrent bien que ce n’est pas contradictoire avec la compétitivité du pays et des entreprises. »
« La CGT a mis à sa tête une femme très courageuse et, en même temps, très déterminée qui ne va pas modifier la ligne de la CGT sur la réforme des retraites et je crois que l’intersyndicale sera tout à fait unie tout à l’heure. Vous savez, pour déclencher un mouvement positif, il faut bouger sur la réforme des retraites. C’est ce que vont dire les syndicats ce matin. Bien sûr qu’il y a un gros chantier sur le travail, bien sûr qu’il y a un gros chantier sur l’attractivité et les rémunérations de certains métiers, mais il faut bouger ! On a fermé toutes les fenêtres pour rééquilibrer le système des retraites et la seule qui restait, c’était l’âge ! […] Il faut bouger le curseur et, à partir de là, écouter l’ensemble des syndicats qui sont, pour la première fois depuis longtemps, unis. Il y a le Conseil constitutionnel qui va passer par là, peut-être que c’est une occasion pour le Gouvernement, même si le Conseil constitutionnel ne remet pas en cause la totalité de la loi, de remettre la balle au centre et de repartir de l’avant. C’est d’ailleurs pour cela qu’il ne se passera pas grand chose aujourd’hui ! »
Cliquez ICI pour écouter l’intégralité de l’interview. Merci à la rédaction d’Apolline Matin et à RMC Info pour son autorisation de diffusion.
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