“Pierre Ferracci : D’un entrepreneur & expert reconnu à patron de club professionnel” au micro de Pierre Moreau dans son Podcast Dream Team le 21 janvier 2024
Les origines du Groupe Alpha “Le syndicalisme étudiant m’a rapproché du syndicalisme tout court et, à partir de là, je me suis retrouvé un jour embarqué dans une aventure qui concernait les comités d’entreprise et j’ai eu l’idée, avec un autre collègue, de créer une structure d’expertise pour le compte des comités d’entreprise. Mon idée était simple à l’époque – après, il fallait transformer l’essai – c’était mettre à la disposition des représentants du personnel, des syndicats, un outil d’expertise et de conseil équivalent à celui dont pouvaient bénéficier les directions d’entreprise. J’ai visé assez haut, j’ai fait plutôt des recrutements hauts de gamme dès le départ et je crois que l’on a réussi à bâtir quelque chose qui est reconnu professionnellement, qui s’est ensuite développé puisque la particularité du Groupe Alpha, aujourd’hui, c’est de travailler pour les comités sociaux et économiques mais aussi pour les entreprises et les collectivités locales, donc d’être des deux côtés de la barrière dans un pays où on s’affronte en général. Nous, on a choisi de travailler des deux côtés pour essayer de rapprocher les points de vue et, surtout, pour traiter au quotidien les problèmes concrets que rencontrent les entreprises et les salariés. On a démarré à 4, 5, on est aujourd’hui près de 900. On a, dans le paysage du conseil et de l’expertise, une structure qui compte.”
Le paritarisme “Moi, ce que j’aime bien, ce n’est pas simplement le cadre légal qui définit des droits mais il y a aussi de temps en temps un cadre contractuel qui permet aux partenaires sociaux, organisations syndicales et directions d’entreprise, de trouver des accords. C’est vrai qu’en France, on a très longtemps compté sur le cadre légal. Il faut aussi les partenaires sociaux monter entre eux des opérations qui définissent des accords interprofessionnels ou des accords de branches ou des accords d’entreprise et je crois que c’est l’un des problèmes de la France aujourd’hui de ne pas trouver le bon équilibre entre ce que doit faire le législateur et ce que doivent faire les partenaires sociaux. Il y a des pays – la Scandinavie, l’Allemagne – où la marge de manœuvre de la démocratie sociale, celle qui concerne les relations sociales, les partenaires sociaux, est beaucoup plus grande que dans notre pays. On en sort petit à petit. Pour cela, il faut des équilibres, des syndicats puissants et des directions aussi qui ont des engagements fermes sur ce terrain. On est encore loin du compte. On progresse mais tout doucement. Je ne crois pas que l’on soit le meilleur exemple de démocratie sociale aujourd’hui en Europe. c’est un peu dommage car je pense, depuis très longtemps, que la performance sociale et la performance économique vont de pair, durablement.”
Transition environnementale “On voit bien aujourd’hui que les salariés, notamment les plus jeunes, veulent à la fois des entreprises performantes mais des entreprises qui sont aussi dans l’air du temps en matière de responsabilité sociale, de responsabilité environnementale. dans le Groupe Alpha, on est convaincus de cela depuis très longtemps et on est ravis que ces idées progressent. […]. Je crois dans l’égalité des chances qui permet à chacun de suivre son chemin, de faire son travail et d’apporter sa contribution individuelle. Moi, je suis un peu préoccupé par le monde actuel parce que les inégalités se développent, la pauvreté se développe – là, je parle du monde, mais aussi en France – et je suis un peu préoccupé – même si on est tous d’accord pour mieux protéger la planète – par le fait que cette transition environnementale peut encore creuser les inégalités parce qu’elle va coûter cher, très cher. “Fin de mois ou fin du monde”, c’est un bon débat qui a été posé par les Gilets jaunes. C’étaient des enjeux de reconnaissance et, puis effectivement, des enjeux de fin de mois qui ne sont pas du tout contradictoires avec l’idée d’éviter que la planète dérive mais il faut que les gens puissent vivre. Si l’on a une planète plus verte et des gens qui y vivent moins bien, d’abord, on n’obtiendra pas la planète plus verte parce que les opinions et les populations se rebelleront. Je n’hésite pas à dire que la mère de toutes les batailles, c’est la lutte contre la pauvreté, contre les inégalités. Ce qui ne veut pas dire que je sous-estime les enjeux de protection de la planète, ce qui ne veut pas dire que je sous-estime les enjeux de compétitivité économique, parce que tout cela, il faut le financer. Encore une fois, cela coûte très cher et, là, il faut avoir une petite idée de la répartition de l’effort : qui va payer ? Il y a encore des tabous mais il faut en être conscient si l’on veut réussir à la fois la transition environnementale et l’accompagnement social qui va avec.”
Le travail “Il faut donner à chacun la possibilité d’avoir un travail correctement rémunéré et, pour cela, il faut aussi réhabiliter des métiers qui ne sont pas suffisamment reconnus. La pandémie a bien montré qu’il y avait des métiers fort utiles quand on est en période de crise mais qui doivent l’être aussi quand on sort de la crise. Quand je pense aux équilibres, c’est à cela. Il y a aujourd’hui une hiérarchie des rémunérations dans le monde, pas seulement en France, qui n’est pas la bonne. Il y a des métiers qui ne sont pas assez reconnus et pas assez rémunérés et il y en a d’autres qui le sont trop, avec des exagérations qui sont choquantes pour la société.”
Vous n’avez pas encore écouté l’entretien de Pierre Ferracci ? Voici le Podcast de l’émission : cliquez ICI. Merci à Pierre Moreau pour l’autorisation.