Le travail “Il y a un problème de rapport au travail qui est évident. En réduisant brutalement le temps de travail, on crée d’autres problèmes, notamment une intensification du travail, avec des dégâts sur la santé des salariés. Il faut que les syndicats et les entreprises aient une vision plus équilibrée des rapports sociaux et de la relation au travail. Elle est très dégradée aujourd’hui. Il faut réhabiliter le travail. On s’occupe un petit peu trop de l’emploi. Tant mieux d’ailleurs car le taux de chômage n’a jamais été aussi bas, même s’il est en train de remonter un petit peu, mais un peu moins du travail, du sens au travail, de la qualité du travail, de la façon dont on développe des collectifs du travail. Le télétravail va faire aussi des dégâts. Il apporte un peu de bien-être aux salariés qui se déplacent beaucoup, il casse aussi un peu le lien de l’entreprise et le lien social que représente l’entreprise. ”

L’intelligence artificielle “Comme dans tous les métiers du conseil et des services, nous sommes très attentifs à ce qui se passe en matière d’intelligence artificielle. Dans nos métiers d’expertise-comptable et de conseil, il y a des choses qui vont libérer de l’énergie humaine. Et il faudrait qu’elle se consacre à ce qui est essentiel. Il y a beaucoup de tâches qui, au-delà de la seule intelligence artificielle, ont été prises dans le tourbillon de la révolution numérique et qui ont bouleversé considérablement notre rapport au métier. Ce que je vois surtout en ce moment, c’est qu’il y a une grosse angoisse des salariés sur l’intelligence artificielle mais aussi sur la transition environnementale. “

La transition écologique “L’industrie automobile bascule très brutalement, à mon avis trop brutalement, dans le véhicule électrique. Je pense qu’il y avait une transition qui pouvait être assumée de façon plus sympathique et cela fait des dégâts sociaux qui font que les gens ont peur. Ils sont à la fois pour protéger la planète, là-dessus, il n’y a pas d’ambigüité, il y a un consensus assez général, après, quand on voit les dégâts que cela peut faire sur le plan social ou sur le plan économique parce que fabriquer un véhicule électrique, ce n’est pas du tout la même chose que fabriquer un véhicule thermique ! Il y a beaucoup d’angoisses et il faut traiter cet accompagnement. Moi, je pars du principe que, si on fait cette transition environnementale sans prendre en compte les conditions sociales de la transition, on va remettre les gilets jaunes dans la rue.”

La transmission “J’ai annoncé la couleur il y a dix ans et je m’y tiens à un an près. Moi, j’ai distribué pas mal d’actions gratuites à mes associés et aux salariés parce que je pense que le développement doit bénéficier à tout le monde. C’est un instrument qui n’est pas assez utilisé et aussi parce que la législation n’a jamais été simple. Ensuite, j’ai choisi depuis trois ans d’accompagner la personne qui va me succéder, une femme, qui est aujourd’hui Directrice Générale et qui, dans dix-huit mois, deviendra Présidente et Directrice Générale. C’est l’ancienne Haut-commissaire à la transformation des compétences, Estelle Sauvat, qui était auprès de Muriel Pénicaud, et qui avait passé dix ans dans le Groupe avant d’aller faire un petit séjour en politique. J’ai prévu d’apporter 25% du capital du Groupe à une fondation que je vais créer d’ici le début de 2025 parce que je pense qu’il faut que tout le monde participe au bien commun, à l’intérêt général. C’est une forme de partage de la valeur. Il y a encore très peu en France de fondations actionnaires. ”

Vous n’avez pas encore écouté l’entretien de Pierre Ferracci ? Voici le Podcast de l’émission : cliquez ICI. Merci à la rédaction d’ETI radio pour l’autorisation.

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