Le dialogue social : les grands défis d’aujourd’hui et de demain
Carte blanche à Pierre Ferracci, interviewé par Richard Michel. Rencontres internationales du dialogue social.
“On est tous ici pour défendre le dialogue social et le bon compromis. Ni une compromission, ni un consensus mou, mais on voit bien qu’il a mauvaise presse aux yeux des Français qui ont approuvé d’ailleurs cette démarche, ce basculement dans le quinquennat, ce basculement des Institutions. 73 % des Français étaient pour. Mais c’est le propre des réformes qui sont développées par certains qui n’ont pas les mêmes objectifs. Certains visaient à éviter la cohabitation, d’autres disaient ‘7 ans, c’est trop long’. Les troisièmes disaient ‘il faut renforcer les pouvoirs du Parlement’. On a vu, ces derniers temps, que cela ne l’a pas vraiment renforcé. Et je pense qu’en plus, on a affaibli la fonction du Président de la République avec cela, puisque le président de la République se mêle de tout, il oublie des éléments essentiels pour lesquels il a été élu. Et il y en a aujourd’hui pas mal au niveau de la planète. Donc oui, il y a un décrochage.”
“Ce n’est pas moi qui vais dire en tant qu’expert des CSE, avec Secafi et Groupe Alpha, que le CSE ne sert à rien, au contraire, il s’occupe de la vie courante de l’entreprise. Mais, dans les conseils d’administration, ou plutôt dans les conseils de surveillance dans ces pays-là d’ailleurs, on prend des décisions stratégiques, on prend des décisions de fond sur l’organisation de l’entreprise, sur des cessions, sur des acquisitions. Et c’est là aussi qu’il faut un dialogue. Alors, on peut l’appeler dialogue social ou dialogue de gouvernance. La vraie sécurité dans ces pays, je le dis toujours, ce sont des schémas d’accompagnement des salariés de formation qui sont plus puissants que chez nous, même s’il y a des efforts qui ont été faits dans la dernière période, dans l’apprentissage, dans la formation professionnelle. Mais, il y a aussi l’association des représentants du personnel aux grandes décisions. Après, ils sont d’accord, ils ne sont pas d’accord, mais ils s’expriment au moins au moment où ces grandes décisions se prennent. Dans les CSE, malheureusement, parce que l’anticipation perd un petit peu de sa force, on commente les décisions qui sont prises, on les corrige parfois, et c’est pour cela que c’est très utile, mais dans les conseils d’administration, de surveillance, on participe aux grandes décisions, encore une fois, quitte à exprimer des désaccords sur la politique qui est suivie par les actionnaires et par les dirigeants qui ont choisi les actionnaires. Je pense que si on avait voulu améliorer la démocratie sociale, c’est par là qu’il fallait passer.”
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