Politiques publiques
Clivages européens persistants
La détente des contraintes financières en Europe – des taux d’intérêt nominaux faibles, une politique monétaire prenant des initiatives non conventionnelles – n’est paradoxalement pas rassurante car elle révèle une situation assimilable à la « trappe à liquidités » identifiée par Keynes : faute d’incitation à investir, la zone euro s’enlise dans le sous-emploi. Et la carence confirmée de coopération entre les pays disposant de marges de manœuvre budgétaires et les pays en mal de compétitivité contribue à cet enlisement. La crise de la zone euro a encore aiguisé cette vieille difficulté. Pour dépasser cette situation, il faudra créer les conditions de projets d’investissement qui contribuent à la fois à la reprise solide de l’économie européenne et au rééquilibrage des capacités de développement de ses pays membres.
Troisième Conférence sociale : la dernière ?
La troisième conférence sociale a constitué une rupture avec les deux précédentes. Plusieurs syndicats n’ont pas participé aux tables rondes. La feuille de route sociale est très allégée. La méthode du dialogue social mise en place en 2012 est ébranlée. Reste à savoir si elle se poursuivra.
Le discours de la réforme systémique
Le Commissariat Général à la Stratégie et à la Prospective (rebaptisé France Stratégie) a remis fin juin au Président de la République la dense synthèse de l’exercice sur lequel il travaille depuis un an : Quelle France dans dix ans ? Les chantiers de la décennie. Si l’exercice intellectuel, appuyé sur une mobilisation pluraliste des avis d’experts et d’acteurs, est de qualité, l’usage qui pourra en être fait pour nourrir en pratique l’agenda social et politique est incertain.
Derrière l’écotaxe, une histoire de fonds
L'écotaxe sur les poids lourds a été présentée comme les prémisses d'une fiscalité verte. Plus qu'une mesure écologique novatrice, cette disposition fiscale s'inscrit surtout dans la traditionnelle problématique française du financement des infrastructures de transports.
Quand le gel des seuils sociaux suscite des doutes
Le ministre du Travail a annoncé le gel des seuils sociaux. La CGPME a salué l’idée, le MEDEF estime que c’est insuffisant, les syndicats, excepté la CFTC, y sont opposés. Cette mesure suscite des interrogations sur son périmètre, sa forme, et ses effets. Plus généralement, l’existence même d’effets de seuil fait débat.
Régimes allégés : quel impact attendre sur l’emploi ?
Le Sénat a lancé « une mission commune d’information sur la réalité de l'impact sur l'emploi des exonérations de cotisations sociales accordées aux entreprises », dont le président est Charles Guené (UMP) et la rapporteure Michelle Demessine (CRC). La mission, qui rendra son rapport en juillet, procède à un ensemble d’auditions (dont, conjointement, des experts du Groupe Alpha et de Syndex), qui couvre la diversité des points de vue. C’est un travail utile, à l’heure où le bilan coûts-avantages des nouveaux dispositifs qui se mettent en place est déjà mis en question.
Première enquête PIAAC : les compétences des adultes français en question
La nouvelle enquête de l’OCDE sur les adultes PIAAC 2012 présente un panorama des compétences des adultes dans les pays participants : nous revenons sur ses résultats pour la France.
Pacte de responsabilité et de solidarité : l’équation reste floue
Le Pacte de responsabilité et de solidarité entend concilier deux logiques : faire entrer l’orientation en direction de l’allègement du coût salarial dans la « camisole » du programme de stabilité soumis fin avril par le gouvernement à la Commission européenne afin de clarifier, une fois de plus, le processus d’ajustement budgétaire ; contribuer à la refonte du compromis social, puisque sa mise en œuvre doit passer par des accords de branches entre partenaires sociaux pour concrétiser les engagements sur le développement de l’emploi, des compétences et des investissements.
Résultats de l’enquête PISA 2012 : le niveau baisse ?
Ce billet propose un point sur les résultats de l’enquête PISA pour la France. Il insiste sur la prudence nécessaire dans la lecture de ses résultats et sur son analyse des inégalités scolaires.
Le capital éternel ?
Pour Thomas Piketty, dans son ouvrage, Le Capital au XXIe siècle (Seuil, 2013), deux pics inégalitaires sont observables depuis l’émergence des sociétés industrielles : l’Europe de la Belle Epoque, dominée par les rentiers balzaciens devenus capitalistes modernes, riches de leurs patrimoines et des revenus qu’ils en tirent ; les Etats-Unis d’aujourd’hui, moins obérés que l’Europe par le poids des patrimoines hérités, mais où les inégalités de revenus, tirées par les « supercadres », sont en passe de dépasser le sommet atteint à la fin des années 1920 (la décennie de la Big Money, romancée par John Dos Passos). Entre ces deux pics, un capitalisme moins inégalitaire, où s’affirme une « classe moyenne patrimoniale » : cette période aura-t-elle été une longue parenthèse, qui se ferme aujourd’hui devant l’inéluctable remontée des inégalités ?