Retraites : début de l’examen du projet de réforme à l’Assemblée nationale
Pierre Ferracci était, aux côtés de Philippe Corbé, chef du service politique de BFMTV, Nicolas Bouzou, économiste, et Anne-Charlène Bezzina, politologue et constitutionnaliste, l’invité d’Yves Calvi sur BFMTV dans son émission Calvi 3D, lundi 6 février 2023.
Séquence N° 1 | Retraites : Débats houleux à l’Assemblée
« Ce n’est pas “la réforme ou la faillite !” Bien sûr qu’il y a un déficit, bien sûr qu’il faut réformer le système. Le problème du déficit public est plus important aujourd’hui que le problème du déficit du système des retraites. Le Gouvernement aurait gagné – je ne dis pas que cela serait passé comme lettre à la Poste – de dire : “On a un gros problème, il faut financer en même temps l’hôpital, l’éducation, la transition écologique, cela va coûter très cher et, donc, il faut accélérer le retour à l’équilibre du système de retraites.” […]. Cette réforme a été mal préparée. La question du travail est essentielle, pas seulement le travail des seniors. Le travail, les conditions de travail. En Finlande, c’est ce qui a été fait. Il y a des mesures incitatives pour travailler plus longtemps qui sont le contraire des mesures coercitives. »
« Elisabeth Borne fait des concessions aujourd’hui, justifiées pour certaines, à la partie droite de l’échiquier parce que, pendant cinq ans, il va falloir gouverner avec une majorité relative et je pense qu’au-delà des retraites, cela pèse aussi sur le comportement gouvernemental. »
« Sur l’index seniors, j’ai plus de réserves. Je pense que le problème va être très lourd à porter pendant des années. C’est un problème culturel, un problème économique. Et, pour transformer ce type de comportement, un index ne suffit pas. Je prends souvent l’exemple de la Finlande, ils n’ont pas eu besoin d’index, ils ont laissé le dialogue social et la négociation régler sur le terrain les problèmes. […]. Pendant des années, sur le handicap, qui est quand même un problème essentiel, les entreprises ont préféré payer plutôt qu’embaucher des personnes en situation de handicap ! Aujourd’hui, la situation s’est transformée, pas partout, mais elle s’est transformée parce que cela est devenu un problème de société. Et les dirigeants d’entreprise ont compris qu’il fallait agir dans ce sens-là, dans une logique de RSE. Pour le travail des seniors, ce sera long et je ne suis pas sûr que l’index suffise à transformer l’essai. »
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Séquence N° 2 | Retraites : jusqu’où lâcher du lest ?
« Les syndicats montrent un visage unanime, ce qui n’était pas le cas depuis plus de vingt ans ou trente ans. Ils font taire leurs divergences. J’ai souvent dit, pour ma part, que la division syndicale était un problème pour les salariés, d’abord, mais pour les entreprises, aussi. Je disais l’autre jour avec vous d’ailleurs (Cf. Emission Calvi 3D du 16/01/2023), que le gouvernement serait bien inspiré de reprendre la discussion avec les syndicats. […]. Et, puis, on a une occasion ou jamais, avec des syndicats unis, de repenser un petit peu à une forme de démocratie sociale qui est un peu balbutiante. »
« Cette unité syndicale peut durer, beaucoup plus qu’on ne le pense. Après, il y a des divergences entre eux, ils ne sont pas d’accord sur tout. Mais, elle peut durer et je pense que les syndicats ont une occasion en or de dépasser leurs clivages, que les salariés ne comprennent pas, que les Français ne comprennent pas, et de trouver le chemin d’un modèle syndical qui soit un peu plus efficace. »
« Ce qui a changé depuis 13 ans et par rapport à la situation de 2010, c’est, je pense, qu’il y a un problème de travail. On est parmi les Champions, en Europe, en matière d’accidents du travail, de pénibilité. On a un vrai problème sur le travail. Les 35H se sont traduites, du côté des entreprises, pour compenser le coût du travail, par une augmentation de la productivité, de l’intensité du travail, qui a dégradé les conditions de travail, dans beaucoup de métiers. On le paye aujourd’hui, y compris dans les métiers des services, avec une montée du stress. »
« Je trouve qu’il devrait y avoir quelques fenêtres un peu plus ouvertes que ce n’est le cas aujourd’hui. Une réforme passe mieux s’il y a un sentiment d’équité ou d’égalité un petit peu plus fort. »
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