Les syndicats vont-ils réussir à mobiliser ?
Pierre Ferracci était, aux côtés d’Amandine Atalaya, éditorialiste politique BFMTV, Gaël Sliman, président-fondateur d’Odoxa, et Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy de 2007 à 2010, l’invité d’Yves Calvi sur BFMTV dans son émission Calvi 3D, lundi 16 janvier 2023.
« Je crois que la mobilisation sera très forte. Tous les signes le montrent. C’est la première fois depuis longtemps que les huit organisations syndicales sont vent debout. Il y a à la fois une critique de fond de la réforme et une critique de forme sur la concertation qui a été insuffisante du point de vue des syndicats. […] La vraie question est de savoir si cela va durer, si cela va prendre l’ampleur de ce que l’on a connu en 2010 où il y a eu plusieurs manifestations successives. »
« On dit toujours qu’il n’y a pas de bonne période pour faire une réforme impopulaire. On n’est pas non plus obligés de choisir le plus mauvais moment pour la faire ! C’est un premier point. Deuxième point, il y a des choses qui auraient pu être préparées avant. Je prends l’exemple des seniors puisque nous avons un taux d’emploi des seniors qui est très faible aujourd’hui par rapport aux pays européens. On n’a pas travaillé depuis des années le sujet. C’est un sujet profondément culturel en France. On a incité les entreprises pendant des années, parfois en les subventionnant, à faire partir les salariés le plus tôt possible. C’est un problème qu’il faut corriger.»
« Je pense qu’il faut trouver un compromis. Est-ce que cela passe par 63 ans, par un travail sur les seniors ? L’index qui est proposé aujourd’hui aurait plus de crédibilité s’il avait été testé pendant trois-quatre ans dans les entreprises, comme l’index sur l’égalité professionnelle. Si les seniors ne partent plus tard, ce qui est le cas depuis une dizaine d’années, que parce que l’on décale l’âge de départ à la retraite, ce n’est pas forcément la bonne façon de prendre les choses. La Finlande, il y a quelques années, lorsqu’elle a décalé de deux ans l’âge de départ à la retraite, a laissé les partenaires sociaux pendant cinq ans travailler de façon extrêmement forte sur le devenir des seniors, leur fin de vie professionnelle, leur pouvoir d’achat, leurs conditions de travail, le fait d’alléger la charge de travail sur des métiers pénibles, etc. Nous, cela n’a pas été fait. Par exemple, quand on a supprimé les quatre critères de pénibilité, parce que le système était complexe, à la demande du patronat d’ailleurs, on ne l’a pas remplacé par un système plus simple. »
« Si on ne laisse pas aux syndicats le soin de canaliser le mouvement et si on n’y répond pas, à certaines demandes des syndicats, le défi, demain, sera de voir comment les choses vont se traiter sur le plan politique ! »
« Les retraites, c’est quoi ? C’est le pouvoir d’achat d’aujourd’hui et de demain. »
Cliquez ICI pour écouter l’intégralité de cette interview. Merci à la rédaction de BFMTV pour son autorisation de diffusion.
Et retrouvez nos précédentes actualités dans le fil de nos Opinions.