Eléments de diagnostic sur le marché du travail à la veille de la réforme de l’assurance chômage
En France, le marché du travail est de plus en plus « flexible », du fait des réformes intervenues ces dernières années. Il présente aussi une dualité (augmentation des emplois temporaires, aux dépens des emplois permanents) croissante. Ainsi, si 85% des salariés sont en CDI et 10% en CDD, les CDD représentent 87% des nouveaux contrats signés (source : Insee). Par ailleurs, la part de CDD, de contrats aidés, d’intérim et d’apprentissage est passée, de 1982 à 2014, de 5 à 12% (source : Haut Conseil pour le financement de la protection sociale). D’autres facteurs caractérisent le marché du travail et la fréquence des ruptures et des mobilités professionnelles en France :
– Un taux de chômage élevé persistant en France (9,4% pour la France Métropolitaine au 3e trimestre 2017, après un point « haut » historique en 2015 à 10,5%).
– Un nombre très élevé de demandeurs d’emploi, 5 616 000 personnes (catégories A, B, C) à fin octobre 2017 (avec plus de 490 000 chômeurs supplémentaires sur les 36 derniers mois).
– Des périodes de chômage de plus en plus longues (au 2e trimestre 2017, la durée moyenne d’inscription à Pôle emploi, s’établit à 378 jours). Par ailleurs, 44,6% des demandeurs d’emploi le sont depuis plus d’un an (avec une hausse de + 3,5% sur un an).
– Toujours plus de ruptures conventionnelles effectuées, soit 34 000 par mois en moyenne en 2017 (+7% en 2017 après une hausse de 10,7% en 2016).
– Des transitions professionnelles de plus en plus fréquentes. Selon l’Insee, un actif qui entre aujourd’hui sur le marché du travail changera en moyenne 4,5 fois d’employeur, quand ses parents en changeaient 1,5 fois. En outre, selon une étude de l’Observatoire des trajectoires professionnelles publiée en mars 2017, 26% de la population active occupée a connu une transition professionnelle sur les 12 derniers mois, soit près de 7 millions de personnes.
– Une transformation des métiers de plus en plus forte et rapide sous l’influence du numérique. Selon le Conseil d’orientation pour l’emploi, c’est moins de 10% des emplois existants qui sont menacés par le digital, tandis que la moitié des emplois verraient leur contenu évoluer de manière significative (voir le rapport du COE de janvier 2017).
– Une augmentation significative du nombre des indépendants et des auto-entrepreneurs, qui sont aujourd’hui 2,8 millions en France selon l’Insee, et 3,3 millions de personnes (avec hausse de 2,2% par an en moyenne entre 2008 et 2015) selon l’IGAS-IGF.
Ce contexte justifie, au moins en partie, la nouvelle réforme de l’assurance chômage qui est actuellement en cours.
Guillaume Assémat, Jérôme Didry, Nicolas Fleury